ela ne faisait pas longtemps qu’elle était coincée sous ce Dôme étrange et angoissant à la fois. Cela ne faisait pas très longtemps qu’elle était réveillée, debout dans la cuisine, en train de fixer son portable. Et surtout, cela ne faisait pas très longtemps qu’elle était célibataire, à nouveau. Elle n’aurait pas cru cela possible. Elle pensait que c’était du sérieux avec Christian. Elle s’était lourdement trompée.
Elle continuait de fixer son portable, tout en faisant cuir des pancakes. Elle n’était pas très concentrée sur ce qu’elle faisait en fait. Son portable avait vibré une bonne partie de la nuit, à cause de son ex qui l’avait harcelé. Elle avait bien pensé à l’éteindre, mais travaillant comme médecin à l’hôpital de Chester’s Mill, elle pouvait être appelé en cas d’urgence. Cela n’aurait pas été très professionnel de sa part de couper son téléphone. Elle avait donc subi en maudissant son ex fiancé.

Elle avait tout de même fini par s’endormir, fatiguée. Mais au réveil, elle avait constaté les dégâts. 38 appels en absence, 23 messages vocaux et une quarantaine de messages texte. Elle aurait pu tous les effacer en une simple manipulation, mais la curiosité avait fini par prendre le dessus. Grand bien lui fasse, elle n’aurait pas dû. Chaque mot était une déception de plus et ne faisait que la blesser.
Une odeur bizarre finit par se faire sentir… Une odeur de cramée !!! Elle réagit enfin en constatant que ses pancakes étaient…noircis ! Elle posa rapidement son portable et sans faire attention, se brûla la main en attrapant le manche de la poêle. Elle poussa un petit glapissement aigu, avant de tout lâcher dans l’évier. Elizabeth se dépêcha se mettre sa main sous l’eau froide, serrant les dents sous la douleur vive qui l’élançait. Elle était agacée contre elle-même par sa maladresse, agacée par Christian, agacée par ce Dôme !!! Agacée d’avoir loupé les pancakes qu’elle préparait pour Yasmine, Nath’ et elle-même pour le déjeuner. Heureusement, il restait de la pâte crue, assez pour en refaire. Mais pour un chirurgien, se blesser à la main était un vrai cauchemar.

C’est le moment précis que choisit son portable pour se remettre à sonner. La main toujours sous l’eau, elle ne pouvait répondre, mais vit très clairement le séduisant visage de Christian apparaître en fond d’écran. « Mais tu vas me lâcher oui ! » s’énerva-t-elle avec l’envie furieuse de se saisir de son portable et de le balancer dehors. Sauf qu’au même moment, quelqu’un fit irruption dans la cuisine… Son meilleur ami ! Ah… Cela lui faisait penser qu’elle devrait peut-être lui parler d’une chose ou deux.

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Nathanaël & Elizabeth

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Un doux rire s’échappa de ses lèvres avant qu’il murmure : « Je t’aime aussi… » Il avait les yeux qui pétillaient et le cœur soudainement plus léger. Ça lui faisait du bien de lui parler, car son mari lui manquait. Sauf que pour l’instant, ils étaient mieux à distance l’un de l’autre pour ne pas que leur couple parte dans tous les sens. Le libanais raccrocha avant de soupirer doucement et de bien s’allonger dans son lit. Il tourna doucement la tête sur le côté pour observer la place vide à ses côtés. Elle était trop souvent vide à son goût. Andreas devrait s’y trouver plus souvent. Malgré tout, ils étaient mariés et ils étaient amoureux. Il ne devrait pas vivre dans cet hôtel qui se trouvait trop loin de lui… Sauf que ça, il n’osait pas le demander. Le fait de l’avoir loin l’aidait à affirmer vraiment ses sentiments pour lui. Il se sentait beaucoup mieux psychologiquement, mais également physiquement, c’était plus facile. C’était limite un petit peu masochiste de vouloir passer du temps avec lui. Nath’ se doutait bien de la manière que ça allait finir. Tout cela le tuait peu à peu. Aimer un homme dont il n’était pas certain à 100% de ses sentiments. Le bouclé râla doucement et prit un oreiller qu’il se mit sur la tête dans l’espoir de se rendormir pour faire taire son esprit. Mais en vain. L’envie de se rendre à l’endroit où son mari travaillait lui prit et c’est pour cette raison qu’il se leva. Nath’ se dirigea vers la douche où il passa une bonne demi-heure avant de sortir. Il épongea rapidement ses cheveux, mais laissa ses boucles 100% libre ce qui lui donnait un petit air sexy. Il enfila une chemise blanche des plus simples et un pantalon noir. Simple, mais efficace. Tout ce qu’Andreas aimait. Son mari aimait lorsqu’il était rapide à déshabiller, mais ça, c’était dans un tout autre contexte.

Alors que le libanais retournait vers sa chambre, une horrible odeur de brûler lui atteint le nez, piquant au passage sa curiosité. Nathan se dirigea alors vers la cuisine où il assista à un début de scène anormale qui ne lui plut guère. Sa meilleure amie demandait de manière assez agressive à son interlocuteur de la laisser tranquille. Sans hésitation, Nath’ s’approcha d’Elizabath, mit deux doigts autour du téléphone de son amie avant de lui retirer et de le coller à son oreille. « Je crois que mademoiselle a été assez claire. Elle ne vous fera donc plus l’honneur de répondre à son téléphone. » Dit-il d’une voix très calme, mais surtout très sérieuse. Il avait pris ce truc d’Andy qui savait se faire respecter sans nécessairement se mettre en colère. Nathanaël ne laissa pas le temps à son interlocuteur de répondre et il raccrocha avant de poser le portable sur la table. « Qui te harcèle ? » demanda-t-il avant d’observer son amie et de froncer les sourcils. « Tu t’es blessée ? Tu vas bien ? » ajouta-t-il en se dirigeant vers elle pour attraper son poignet et pour observer délicatement sa main.

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li était fatiguée, et vraiment pas en forme pour aller travailler ce matin. Elle pensait donc que faire un peu de cuisine ‘’cocooning’’ lui ferait du bien. Un petit déjeuner appétissant, comme sa mère lui faisait quand elle était petite. Habituellement, quand elle était dans son état normal, elle ne ratait jamais ses pancakes. Et surtout, elle ne commettait jamais une telle erreur. Celle d’être aussi imprudente. Sa profession l’obligeait à protéger ses mains car elles étaient son outil de travail. Elle maugréait, vraiment mécontente. Et tout ça parce que son ex était un harceleur et un abruti, tout simplement. Alors qu’elle s’insurgeait contre Christian, elle vit son meilleur ami venir vers elle, d’un pas décidé. Oh oh… Outre le fait que son entrée ne passait pas inaperçue car il était vraiment sexy, la jeune femme le connaissait bien assez pour savoir qu’il comptait intervenir. Nathanaël n’était pas quelqu’un de violent, donc elle ne redoutait pas qu’il se montre grossier ou brutal. Mais elle aurait aimé qu’il ne soit pas là à cet instant. « Non, attend ! » Elle avait tenté de l’arrêter, mais trop tard. Elle avait assisté à une démonstration d’autorité très intéressante. Il n’avait pas haussé le ton, mais objectivement parlant, ça rendait très bien.

Sa main toujours sous l’eau froide, elle ignora sa question, se concentrant sur autre chose. « Non rien, personne ! » Si elle pouvait éviter que le sujet vienne sur la table... Elizabeth n’avait pas parlé de…de sa récente rupture. C’était bien trop frais. Christian et elle, c’était fini. En fait, si elle pouvait oublier cet échec cuisant de sa vie amoureuse, ça l’arrangerait. Eli avait l’impression de ne pas être… Elle soupira, chassant ses idées déprimantes quand il attrapa son poignet. Quelqu’un d’autre l’aurait touché ainsi, elle se serait crispée et aurait pris peur. Mais Nath’, ce n’était pas pareil. Eli avait une entière confiance en lui. « Oui… Je n’ai pas fait très attention, et je me suis brûlée. » Sa main la lançait et elle faisait un effort pour ne pas plier ses doigts. « Mais ne t’en fais pas, ça va. J’ai un baume dans ma sacoche. Je vais m’en mettre, et ça ira mieux. » Et au même moment, son téléphone se remit à sonner. Il était posé en évidence sur la table, bien visible. Elle jura entre ses dents en voyant le visage de Christian apparaître encore en fond d’écran. « Je vais changer de numéro ! » A deux doigts d’exploser, elle coupa la sonnerie rapidement. « Bon… J’imagine que tu sais qui me harcèle maintenant !? » Lâcha-t-elle d’un soupir las. « Christian est un peu…collant depuis que…depuis que nous nous sommes…séparés ». Elle avait vraiment l’impression d’être nulle. Elle n’était pas douée en amour.

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Nathanaël & Elizabeth

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Ce matin-là, Andy avait téléphoné à Nath'. Ce n'était pas la première fois qu'il se parlait sous le dôme, mais c'était la première fois que son homme semblait aussi détendu et qu'il prenait vraiment le temps de lui parler. Le couple parla une bonne demi-heure comme ils auraient pu le faire autre fois pendant la pause repas d'Andreas au boulot. Ils avaient parlé comme avant leur mariage, comme avant qu'Andy lève la main sur lui pour la première fois. Tout s'était bien passé. Ils avaient rigolé, ils avaient beaucoup parlé, ils s'étaient avoué leur amour et ils avaient planifié de se voir bientôt et de passer une soirée voire une nuit ensemble. Ça allait leur faire du bien. Tant que ça ne dégénérait pas... C'était sa plus grande crainte. Nathanaël avait vraiment envie de passer du temps avec son mari, mais il n'était pas prêt à souffrir de nouveau. Le libanais avait déjà assez donné. Il cherchait seulement à être aimé comme il aimait son Andy et c'est pour cette raison qu'il décida d'aller le voir. Il avait besoin d'aller le voir, même si c'est que quelques minutes. Ça allait déjà soulager son manque.

Sauf qu'un événement détourna son attention de son objectif, car une odeur horrible se propageait dans tout l'appartement. Curieux, il s'y dirigea, mais il n'eut pas le temps de rester surpris d'y trouver Elizabeth. Cette dernière était au téléphone et malgré son désaccord, le bouclé lui retira son appareil afin de faire comprendre à l'autre de laisser son amie tranquille. Étrangement, cette dernière ne lui dit pas de qui il s'agissait. Ça ne lui plaisait pas que sa meilleure amie lui cache une information de la sorte. Si elle se faisait harceler par quelqu'un, Nath' devait le savoir. Mais ça ne serait pas sa priorité pour l'instant, car il remarqua la main blessée d'Eli. Cette dernière lui affirma s'être brûlée. « Et à ce que je vois, ce n'est pas seulement ta main que tu as brûlé. » dit-il en observant la nourriture brûlée. « Ne bouge pas, je vais aller te la chercher. » affirma le libanais. Il alla pour s'éloigner afin de prendre le sac à main de son amie, mais le téléphone de cette dernière se mit à sonner de nouveau. Un rapide coup d'œil vers l'appareil lui fit reconnaître, Christian, le fiancé d'Elizabeth. Sur le coup, Nath' crut à un hasard, mais il changea rapidement d'idée à la réaction d'Eli. La jeune femme enchaîna ensuite les informations. Christian la harcelait depuis qu'ils s'étaient séparés. « Minute papillon ! Vous vous êtes séparés ? Quand ? Qu'est-ce qui s'est passé ? » Le bibliothécaire l'observa un court moment. Son esprit de déduction prit le dessus : « Je suppose que si c'est lui qui te harcèle, c'est que c'est toi qui l'a quitté ? » Il tira rapidement le tabouret devant le comptoir et il fit signe à Elizabeth de venir s'asseoir. « Allez. Viens tout raconter à ton vieil ami pendant qu'il te fait le petit déjeuner parfait ! » Il ne lui laissait aucun choix. Elle ne pourrait pas y échapper. « Et si tu veux, je peux te prêter mon téléphone le temps que Christian se calme. » Pour prouver ses dires, il prit son iPhone qu'il posa sur la table devant Elizabeth.

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l est vrai que l’odeur de brûlée n’avait rien de très appétissant. Elle fit une petite moue contrariée à son ami. « Je sais, je n’ai pas été très vigilante… Mais il en reste, ne t’inquiète pas, je vais pouvoir en refaire pour le petit déjeuner. » Elle préférait s’occuper les mains pour oublier que son esprit était tourmentée. Elle lui offrit un maigre sourire « Merci… » Sa main n’était pas grièvement endommagée. Heureusement d’ailleurs, car elle aurait sûrement paniqué. Si elle restait aussi calme, c’est qu’elle savait que ça cicatriserait et qu’il n’y aurait pas de séquelles. Cependant, ça n’en restait pas moins très douloureux. Malheureusement pour elle, son ex contraria l’initiative de Nath’. Ce n’était pas le bon moment.

Bien évidemment, son meilleur ami étant loin d’être un idiot, il ne mit pas longtemps à comprendre et à en tirer les conclusions qui s’imposent. Elle aurait aimé ne pas se prendre la tête sur Christian. Elle aurait espéré qu’il la laisse tranquille, mais visiblement, c’était trop lui demander. Elizabeth ne voulait pas ennuyer Nathanaël avec ça. Elle finit par hocher la tête, gênée. Cet échec amoureux lui rappelait le premier aux conséquences désastreuses. Et même si ça n’avait rien avoir, c’était plus fort qu’elle. L’avait-elle quitté ? « Oui… » Elle était tiraillée entre plusieurs sentiments. Elle ne savait même plus quoi ressentir. La déception, la colère, la douleur…l’amour… Parce qu’elle avait beau être à l’initiative de leur rupture, ce n’est pas pour autant qu’elle avait cessé de l’aimer. Cela faisait presque quatre ans qu’ils étaient ensemble, et bientôt un an qu’ils étaient fiancés. Ils devaient se marier dans quelques mois. Tous leurs projets tombaient à l’eau. Elle avait trente ans et elle…elle se retrouvait célibataire. Elle n’avait pas d’enfant. Enfermée sous un Dôme où elle risquait peut-être de finir sa vie ! Cela la déprimait vraiment, et bien qu’elle soit une battante habituellement, là, sa situation ne lui donnait aucune raison d’être optimiste quant à son avenir.

Elle soupira, sur le point de refuser la proposition de Nath’…sauf que ça ressemblait plus à un ordre, et elle savait qu’avec lui, elle ne risquait pas d’y échapper. Elle leva les yeux au ciel, puis s’installa sur le tabouret qu’il avait tiré devant lui. « Tu n’es pas obligée de faire le petit déjeuner tu sais. » Mais son estomac vint manifester son mécontentement. Il avait faim lui, apparemment. Maintenant sa main blessée contre elle, elle finit par parler après un long silence, regardant l’iPhone de son meilleur ami. « Tu vas en avoir besoin si Andy ou ta famille t’appelle. » Elle ne refusait pas vraiment, elle aimait bien son téléphone. Et puis elle n’aurait plus Christian sur son dos comme ça. Elle marqua un temps d’arrêt plus ou moins long. « Je l’ai quitté… » Le dire à voix haute rendait les faits tellement réels. « Deux jours avant de venir à Chester’s Mill. » Elle se sentait mal de parler de ça « Cela fait déjà quelques temps que nous avions des désaccords. En fait…c’était plus que des désaccords. » Elle releva la tête, regardant Nath’ « Tu sais que je veux des enfants. J’ai envie de fonder une famille… Je pensais qu’avec le temps, il changerait d’avis, que nous voudrions la même chose. » Elle haussa les épaules « Je m’étais trompée ! ».

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Nathan était quelqu'un de très protecteur de nature avec les gens qu'il l'appréciait. Il détestait lorsque ces amis se blessaient ou avaient un souci quelconque. Il se sentait toujours un peu coupable de ne pas avoir été là afin de les protéger et de les aider. Bon, là, il était là pour venir en aide à sa meilleure amie qui souffrait. Certes, elle ne souffrait pas tant que cela, elle n'avait pas perdu un bras, mais quand même. Elle se serait cassée un ongle et il aurait réagi de la même manière. Sauf que Nathan restait un homme et un homme ça se déconcentrait d'un rien, donc lorsque le téléphone de Liz sonna de nouveau, il oublia complètement ce qu'il allait faire. Un instant plus tard, il apprit qu'Elizabeth avait rompu avec son fiancé. Sur le coup, il fut choqué et assez surpris, la dernière fois qu'il les avait vu tous les deux ensembles, ça avait l'air d'aller plus que bien entre eux. Bref, l'important ce n'était pas cela, mais de soutenir son amie. Certes, Mika ne serait pas impartial dans cette histoire et peu importe ce qu'ils avaient pu se passer entre sa Eli' et son fiancé, il allait prendre le côté de son amie.

Le libanais lui conseilla fortement de s'asseoir au comptoir pendant qu'il allait faire le petit-déjeuner. « Tu sais que j'aime beaucoup faire à manger et tu dois reposer ta main. En plus, tu es en train de mourir de faim. Pas question que je te laisse dans cet état ma puce. » Sans perdre une seconde de plus, il prit ce qu'il lui fallait afin de faire des pancakes pour toute la maisonnée, mais avant toute chose, il tendit son téléphone vers son amie pour qu'elle puisse s'en servir librement. « Ma famille a ton numéro de téléphone, donc ça ne sera pas un gros changement pour eux. » Comme à son habitude, il ne cita pas Andy bien qu'Eli l'avait évoqué. En tout temps, il restait très discret sur tout ce qui touchait à son mari. Elizabeth le connaissait trop bien et elle se douterait qu'il se passait quelque chose. « Allez prends-le. Je sais que tu l'adores en plus. » Insista-il pour qu'elle ne sente pas mal à l'aise de le faire. Nath' voulait seulement qu'elle pense à autre chose et qu'elle oublie un petit peu Christian. Le libanais ne savait pas ce que c'était, mais il se doutait qu'une séparation était pénible et que c'était important de se changer les idées.  

Tandis qu'il entreprit la préparation du petit-déjeuner, Elizabeth affirma à voix haute qu'elle l'avait quitté. Nath' s'arrêta afin de l'écouter attentivement sur les raisons de cette séparation. Ah les enfants... Un sujet très délicat pour certains couples. Il n'était pas rare qu'il y ait des désaccords au niveau de la présence ou non d'enfants, du nombre ou encore des prénoms. Nathan avait également eu des différents avec Andy sur la question, mais il avait fini par céder et entreprendre la procédure d'adoption avec mère porteuse et tout le tralala qui venait avec. « Aussi difficile que ça puisse paraître, je crois que tu as pris la bonne décision. Rester avec lui et te priver d'une chose que tu désires tant aurait fini par te rendre malheureuse. » Il s'approcha doucement elle. « Dis-moi comment tu te sens vraiment à la suite de cette séparation ? Et ne me dis pas que tu te sens coupable ou que tu as l'impression de rater ta vie amoureuse ce n'est pas vrai. Tu es une femme avec des besoins et des envies et tu n'as nullement besoin de te plier à ceux des autres. Rompre avec quelqu'un pour cette raison n'est pas échouer sa vie amoureuse, ça prouve seulement que tu sais ce que tu veux et que tu cherches le bon, au lieu de te forcer à rester avec le premier venu pour entrer dans les stéréotypes. » Le bouclé aurait pu continuer longtemps, mais il s'arrêta là pour la laisser réfléchir. Il ne voulait pas qu'elle se sente mal. Elle pouvait se sentir triste, en colère, mais pas honteuse ou coupable. Elle n'avait pas de raisons de l'être.

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e pense qu’avec toi, je ne risque pas de mourir de faim ! Tu vas vouloir que je mange tous les pancakes que tu mettras dans mon assiette jusqu’à ce que je ne puisse plus rien avaler du tout ! » Un maigre sourire apparut sur ses lèvres, touchée par l’attention de son meilleur ami. « Merci Nathou’… » Après une longue hésitation, elle finit par prendre l’iPhone de Nath’ dans sa main, songeuse. Habituellement, il abordait rarement le sujet « Andy ». Il était très discret par rapport à son mari, bien qu’Eli soit une amie du couple depuis le début. Elle s’entendait très bien avec lui. Du moins, à l’époque de la fac, ils s’entendaient très bien. Ils avaient même organisé ensemble des anniversaires, des soirées, avec l’aide de Yasmine. Ils étaient même partis en vacances tous ensembles. Mais depuis qu’il avait repris l’entreprise de son père, il était beaucoup moins disponible, et donc moins proches qu’avant. Elle le voyait beaucoup moins qu’avant. D’un certain côté, cela l’arrangeait au fond. Ce qu’elle trouvait parfois étrange, c’est la discrétion quasi religieuse de Nathanaël à son sujet. Là encore, il n’avait même pas prononcé son nom malgré qu’elle en ait fait mention. Elle resta silencieuse quelques secondes, hésitante. « Et pour joindre Andy quand je serai au travail, ça ira ? » Elle tentait une approche, elle ne savait pas si ça fonctionnerait ou pas connaissant son ami.

L’américaine l’observa faire à manger, sans rien dire, puis elle finit par hocher la tête, affectée. Avait-elle vraiment fait le bon choix ? Depuis qu’elle avait quitté leur appartement et laissé son fiancé derrière elle, elle se reposait sans cesse la question. Peut-être qu’avec le temps, elle arriverait à ne plus ressentir ce besoin d’être maman et qu’elle pourrait continuer à vivre comme si de rien n’était. Ce n’était peut-être pas si…difficile, n’est-ce pas ? Sauf qu’à chaque fois, qu’elle fermait les yeux, qu’elle tentait de s’imaginer dans quelques mois, dans quelques années, elle se voyait le ventre rond et maman. Elle rêvait d’avoir une petite fille. C’était au-dessus de ses forces de faire plaisir à Christian et de rester avec lui par amour. « J’ai des doutes parfois. Je me dis que peut-être…si je fais un effort, si j’étais moins égoïste, je pourrais parvenir à ne pas…à passer au-dessus, et à vivre sans enfant. Mais quand j’y pense… Je veux vraiment être maman. Si je reste avec Chris’, je sais que ça ne me suffira pas au bout d’un moment. » Vivre sans être maman… Elizabeth ne parvenait pas à l’envisager. Elle avait le droit de vouloir une telle chose, n’est-ce pas ? Elle n’était pas une extra-terrestre. Elle était comme des millions de femmes. Alors pourquoi se sentait-elle coupable ?

Elizabeth eut un petit rire triste et désabusé. Il la connaissait si bien. Elle pensait exactement ça. Elle le regarda longuement, cherchant ses mots. Mais à quoi bon mentir ? Elle savait que de toute façon, Nath’ finirait par s’en rendre compte. Elle avait du mal à lui cacher des choses. « Comment je me sens ? ... Je me sens comme tu viens de le dire. Tu te rends compte, j’allais me marier, et tout tombe à l’eau ! Je pensais que c’était le bon...et je me suis trompée. Je suis triste, déçue. Ça fait mal ! Et en même temps, je me sens coupable et… Je ne suis pas douée en amour apparemment. Il doit y avoir un problème avec moi, parce que même mon fiancé ne voulait pas d’enfant avec moi. » Dit-elle en posant sa main valide sur son ventre. Ventre qui resterait stérile encore longtemps vu la situation. Elle se sentait responsable. En même temps, c’était elle qui avait rompu. « Une part de moi lui en veut ! » Elle baissa la tête sur sa main blessée. « Même si tu me dis que ce n’est pas vrai, j’ai vraiment l’impression de rater ma vie amoureuse. J’ai trente ans, je suis à nouveau célibataire… Et je n’aurai pas d’enfant avant trèèèès longtemps ! En fait, à ce rythme-là, je vais finir vieille fille ! » Elle se força à rire pour faire bonne figure. Se trouvant pitoyable, alors qu’en temps normal, Elizabeth était une battante, elle se mit à regarder ailleurs, fuyant son regard, honteuse. Elle devait vraiment se ressaisir au plus vite. Elle en avait presque oublié sa main, alors que celle-ci la faisait souffrir.

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« Tu sais bien que je ne ferai jamais cela. Ce n'est pas du tout mon genre et en plus tu risquerais de t'étouffer si je te force à manger de la manière cruelle que tu viens de décrire. » commença le jeune homme en attrapant la pâte nécessaire à la création du petit déjeuner. « Et tu me connais... Je le fais vraiment par envie. J'adore cuisiner. » Et ça, c'était totalement vrai. À force d'être homme au foyer, le libanais s'était développé une passion pour la cuisine. Il adorait passer des heures devant un four. Il aimait également essayer de nouvelles recettes ou bien tenter d’inventer les siennes. Alors, il avait toujours aimé faire à manger et c’était toujours un véritable plaisir de le faire. Donc c’est presque par habitude qu’il dit à son amie qu’il allait se charger de du petit-déjeuner et elle n’avait pas vraiment son mot à dire. Elizabeth finit par le remercier en prenant son téléphone. Nath’ lui sourit doucement. C’était la moindre des choses et c’est surtout la seule chose qu’il pouvait faire en ce moment. Il évita soigneusement de prononcer le prénom de son mari, comme à son habitude, mais Eli faisait partie des rares à ne pas se faire avoir et elle insista légèrement en lui demandant comment il allait joindre Andy lorsqu’elle serait absente. Le bouclé se contenta tout simplement d’hausser les épaules avant de reconcentrer son attention sur ce qu’il était en train de préparer. Devant le silence, il finit par murmurer : « Ne t’inquiète pas pour cela… » Simple, précis et évasif. Du Nathanaël tout craché quoi. Et plus, elle allait insister et plus il allait se braquer et éviter le sujet. Il n’en parlait tout simplement pas, il n’en parlait plus. Les choses avaient changé entre eux et il évitait soigneusement de parler à ses proches de son mari afin que personne ne comprenne qu’il y avait quelque chose qui clochait.

Le bouclé fronça les sourcils visiblement contrarié par les propos de son amie. Il secoua doucement la tête avant d’affirmer : « Attends… Tu es sérieuse là ? Je ne vois pas du tout en quoi le fait de vouloir donner la vie est égoïste. C’est plutôt ton Christian qui agit en égoïste et qui ne cherche pas à faire de compromis. Rester avec lui n’était pas une bonne chose dans ces circonstances, tu aurais fini par te détruire de l’intérieur. Aujourd’hui, ça te paraît difficile, mais dans quelques temps, tu vas réaliser que tu as pris la bonne décision. » Ayant vécu pratiquement la même situation, il savait exactement de quoi il parlait. Dans un couple, il fallait apprendre à faire des compromis et c’est exactement ce qu’il était en train de faire avec son mari. Nath’ ne voulait pas d’enfants, mais on ne lui avait pas vraiment laissé le choix.

Elizabeth affirma par la suite être dans le même état d’esprit de ce que Nathan venait de lui dire. Le bouclé poussa un profond soupir, une nouvelle fois contrarié. Ça ne lui plaisait pas qu’elle pense comme cela, ça ne lui plaisait pas qu’elle se fasse autant souffrir pour un homme qui n’arrivait tout simplement pas à la combler. La jeune femme tenta de terminer sur une pointe d’humour, mais en vain. Le libanais resta très sérieux et il croisa ses bras sur son torse. « Arrête de dire des bêtises s’il te plait. Ce n’était pas toi le problème, c’était lui. Il ne voulait pas d’enfant que ce soit avec toi ou avec une autre. Tu ne pouvais rien faire. Si tu l’avais forcé, il t’aurait quitté. Donc, tu n’as pas besoin de te culpabiliser, car tu es humaine et que tu as des besoins. Pour ce qui est de ta vie amoureuse, c’est loin d’être tout le monde qui trouve le grand amour à 20 ans et qui passe le reste de ses jours avec lui. Tu as encore du temps et tu as encore la vie devant toi. Ne te prends pas la tête avec cet homme qui pensait différemment et qu’il a seulement tenté de t’imposer ton point de vue. » Plus que sérieux, le jeune Nathan était très loin d’avoir envie de plaisanter ou de prendre les choses à la légère en ce moment. Il voulait que son ami arrête seulement de se penser pour la pire femme du monde, car elle avait eu le malheur de vouloir des enfants avec un homme qui n’en voulait pas. « Dis-moi franchement, tu te serais vraiment vu mariée avec lui en sachant pertinemment qu’il ne pourrait jamais te combler à 100% ? »

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